Nous n’avons pas de chats mais il y en a régulièrement qui transitent par notre jardin la nuit, nos chiens ne manquent pas d’aboyer quand cela arrive… autrement ils étaient très probablement destinés à la mort.
Un de ces deux petits a failli se noyer dans l’eau de la piscine qui se trouve derrière notre maison. Ce sont mes enfants et Wilma qui ont été alerté par un bruit étrange et une agitation inhabituelle des chiens autour de la piscine et ont réussi à le recueillir avant qu’il se noie. Nous l’avons soigneusement essuyé. J’ai tenté de lui faire manger des insectes, mais sans grand succès. Il a bu quelques gouttes d’eau. J’ai vite compris que je ne pourrais prendre soins de lui comme il avait besoin.
Une chère amie m’avait une fois appris que les oiseaux ont très souvent un odorat peu développé et que la plupart du temps ils ne refusent pas les petits qui auraient été touchés par des humains, comme le font souvent les mammifères.
Sachant qu’il était tombé d’un nid construit sur une colonne qui soutien le toit de notre maison par un couple de sabiá barranco, il m’a semblé sensé de le remettre dans son nid. Et le jour suivant ses parents sont en effet revenus le réchauffer et le nourrir. Quelques jours plus tard il a quitté le nid, mais cette fois il arrivait tout juste à voler sur les arbres du jardin. Il y a passé encore quelques jours, toujours étroitement protégé et nourri par ses parents. Je les ai vu chasser d’autres oiseaux qui s’approchaient de leur petit, et moi même selon où j’allais dans le jardin, je me faisais bien gronder ! Jusqu’à ce que toute la famille disparaisse, d’un jour à l’autre, tout le monde étant prêt à prendre son envol…
Quant à l’autre, c’est mon fils Lucas qui une après-midi a remarqué qu’un de nos chiens, Barão, tenait quelque chose dans la bouche : c’était un petit oiseau, qu’il avait attrapé sans provoquer la moindre blessure. Celui-là je n’avais aucune idée d’où il venait, il semblait être littéralement tombé du ciel. Aucun nid visible sur les arbres du jardin. Nous avons pu identifier de quel type d’oiseau il s’agissait (merci Google Lens !) : une sorte de colombe, probablement une « rola doméstica », une version plus petite, élancée et jolie que les pigeons.
Fort de ma première expérience, je me suis souvenu d’un nid abandonné que d’autres oiseaux avaient construit sur un arbre du jardin.
Et comme j’aime bien grimper, y compris sur les arbres, je me suis fait grand plaisir d’aller le chercher et je l’ai déposé sur le toit de la maison des chiens qui se trouve au fond du jardin.
J’y ai déposé la petite colombe, qui avait l’air d’apprécier sa nouvelle maison (ou en tout cas il a dû se dire que c’était bien mieux qu’être dans la bouche d’un chien !). Plusieurs fois dans l’après-midi je suis allé regarder si des colombes adultes venaient vers lui, mais ce n’était pas le cas. Le soir il a commencé à pleuvoir et cela a continué pendant toute la nuit. Le matin suivant je suis allé faire sortir les chiens de leur maison et j’ai vu que le petit oiseau était toujours là, bien trempé et tremblant, respirant plus vite que le jour précédent. Je me suis dit que cette fois l’histoire risquait de ne pas bien se terminer…
Après avoir donné à manger aux chiens, je m’étais résolu à prendre le petit le mettre dans une boîte et trouver un moyen de le nourrir mais au moment où j’allais le chercher… quelle merveilleuse surprise : sa mère était là en train de le réchauffer ! Et elle a continué de le faire jusqu’à ce que lui aussi prenne son envol.
Toutes ces rencontres avec ces « petits » m’ont fait à moment donné me poser la question si par ces « coïncidences » Dieu ne voulait pas me dire quelque chose.
J’y ai discerné deux messages, qui ont certainement en lien réciproque :
- N’aie pas peur d’être « petit », car je suis avec toi et je prends soins de toi et de ta famille
- Comme je t’ai accueilli et j’ai pris soins de toi, n’oublie pas d’accueillir et servir les « petits » que je placerai sur ton chemin
Dans cette première partie je vais me concentrer sur le premier message et laisserai le deuxième pour après.
Nous sommes tous tombés du nid en atterrissant dans cette vie… c’est l’histoire d’Adam et Ève et, depuis, de tout ,enfant qui nait dans ce monde. Nous ne pouvons voler à nouveau dans ce nid, en tout cas pas de nos ailes. Nous sommes vulnérables, peu de chose. Nous essayons de l’ignorer et nous dépensons beaucoup de temps de d’énergie à nous convaincre que nous pouvons contrôler beaucoup de choses… néanmoins si nous sommes sincères (ou parfois ce sont les événements de la vie qui nous obligent à l’être) nous devons admettre que nous contrôlons très peu, voir rien.
« D’ailleurs, qui de vous peut, à force d’inquiétude, prolonger son existence, ne serait-ce que de quelques instants » (Matthieu 6:27).
C’est un premier sens du mot « petit » : fragile, limité, éphémère, incomplet… dépendants. Pas sympathique tout ça, je le sais. On n’aime pas se voir de telle façon. Mais partons des choses plus concrètes et simples : combien de temps puis-je vivre sans respirer ? est-ce que c’est moi qui produis l’oxygène dont j’ai besoin pour vivre au-delà d’une poignée de minutes ? non, je dépends pour cela de la gracieuse photosynthèse des plantes, arbres et des algues des océans.
Combien de temps puis-je vivre sans manger ? est-ce moi qui peut créer du rien la nourriture qui me permets de vivre au-delà de quelques semaines ? non, je dépends pour cela de la gracieuse fertilité de la terre. Pas besoin de continuer avec l’eau, la lumière ou autres choses, l’idée est déjà suffisamment claire.
L’homme dépend. Il dépend en tant que créature qui a été créé pour être en relation directe et constante avec la présence de Dieu, source de vie, capable de combler tous ses besoins. D’ailleurs pourquoi après que Adam et Ève ont mangé le fameux fruit leur nudité commence à poser problème et provoque la honte ? Une des interprétations possibles, que je trouve particulièrement sensée, est que la nudité est un rappel rude, sans voiles atténuants que l’homme et à la femme sont incomplets. C’est une évidence : simplement le fait que l’autre soit diffèrent, cela implique qu’il ait des caractéristiques qui me font défaut. Et du coup cette promesse du serpent, comme quoi ils auraient été « comme des dieux » se révèle brutalement être un mensonge : les dieux ne sont pas incomplets, Dieu est parfait et autosuffisant.
Et voici deux « compagnons » de voyage apparaître à ce moment : la honte et la peur. Adam se cache. Dieu descend dans le jardin et appelle Adam en lui posant cette question tellement surprenante et profonde : où es-tu ?
La suite de l’histoire est connue de la plupart : Dieu chasse Adam et Ève du jardin, pour qu’ils n’aient plus accès à l’arbre de la vie et qu’ils ne vivent éternellement dans un état de séparation de Dieu… ce qui serait un véritable enfer ! Mais il leur annonce qu’il a un plan pour résoudre cette situation, par les paroles qu’il adresse a Ève (de sa descendance naîtra un homme qui écrasera la tête du serpent) et en posant un acte surprenant et mystérieux : le premier sacrifice de l’histoire.
Il confectionne un vêtement en peau d’animal pour couvrir leur nudité. Car le Dieu qui répète sans cesse tout au long de la Bible « n’aie pas peur » est aussi celui qui ne veut pas que nous vivions dans la honte. Plutôt il désire notre repentance. Car cette dernière fait changer de direction et revenir (à la maison, au Père) alors que la honte pousse à se cacher, à l’isolement. Se repentir c’est confesser : j’ai mal agi. La honte c’est se dire : je suis mauvais. [Ce qui n’est pas
faux, mais une seule des dimensions d’une réalité plus complexe : car je suis aussi créé à l’image de Dieu et en accueillant le Christ je peux comme « renaitre » et être « nouveau ». Dans ce processus il y a un moment où je passe par la honte, c’est le moment où je prends conscience du mal qui est en moi et dont je suis capable. Le point est que c’est un passage, pas un état dans lequel je vis et encore moins dans lequel Dieu voudrait que je reste ! J’aurais même envie de dire que Dieu est là avec moi lors de ce passage douloureux et fait en sorte qu’il soit le plus court possible.]
Tant la promesse faite à Ève que ce premier sacrifice d’un animal innocent, préfigurent la venue de Christ et sa victoire à la croix, qui ouvrent le chemin de retour vers ce « nid » autrement inatteignable.
En attendant le « nid », notre liberté est de choisir de qui veut-on dépendre. Or le problème quand je choisis de dépendre d’autre que de Dieu, c’est que je vais continuer de vivre avec la peur, une en particulier : celle de manquer. Car tout peut être perdu, penser que ce n’est pas le cas est une illusion : je peux perdre un emploi, mes économies, des êtres chers, ma santé, voir ma vie… mais une chose je sais que je ne perdrai jamais : l’amour de Dieu, sa fidélité, sa présence dans ma vie.
25 C’est pourquoi je vous dis : ne vous inquiétez pas en vous demandant : « Qu’allons-nous manger ou boire ? Avec quoi allons-nous nous habiller ? » La vie ne vaut-elle pas bien plus que la nourriture ? Et le corps ne vaut-il pas bien plus que les vêtements ? 26 Regardez les oiseaux qui volent dans le ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas de provisions dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’avez-vous pas bien plus de valeur qu’eux ? (Matthieu 6:25-26)
Dieu sait ce dont nous avons besoin, il n’est pas insensible à nos besoins ni à nos désirs. Il veut nous donner des bonnes choses, au bon moment. Le bon moment on ne le comprend pas toujours… sur le moment ! La note minimale pour passer mon examen de revalidation en mars 2024 m’aurait permis de passer déjà lors de ma première tentative… pour 3/100 de points ! Combien de personnes ont prié avec nous pour que je passe cet examen en août 2023 ? Mais Dieu savait qu’il y avait besoin de moi à la maison, il fallait que je sois là pour ma famille, ce que j’ai compris avec le temps…
Je regarde le colibri qui vient régulièrement dans mon jardin. Quoi de plus fragile, limité, éphémère ? Leur poids varie entre 2 et 6 grammes mais ils consomment par unité de poids 30 fois plus de calories que l’homme, juste pour survivre ! Dit autrement, un colibri consomme en moyenne par jour une quantité de nourriture égale à 8 fois son propre poids ! Toutefois il passe grande partie de son temps (environ 75% de son temps éveillé) posé tranquillement sur une branche, car après chaque repas il lui faut en moyenne 4 minutes pour que son gosier se vide et soit prêt à recevoir une nouvelle nourriture.
Wow ! Cela est puissamment intéressant ! Ce petit être qui vit chaque jour sur le fil du rasoir, dont la vie dépend chaque jour d’un apport suffisant de calories, qui n’a pratiquement aucun stock d’énergie dans son corps, pour lequel c’est une quotidienne question de vie ou de mort… passe les trois quarts du temps tranquille sur une branche ! Ce petit colibri m’apprend à reposer dans la bonté du Créateur et recevoir paisiblement ce dont j’ai besoin chaque jour… j’entends son chant, plus que tout autre oiseaux, qui dit : « Donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin » (Matthieu 6:11)
Reposant sur les branches de la grâce de Dieu, je suis libre de la peur de manquer, de la peur d’échouer et bien d’autres. Un univers de possibles s’ouvre devant mes yeux : je suis prêt pour voler…
Voici le petit qui a failli se noyer dans la piscine
quelques jours plus tard, ses deux parents qui me font comprendre que je suis trop prêt de leur petit chéri, qui se tient en sécurité sur une branche tout en haut…