Certes, j’ai beaucoup étudié pour me préparer, j’ai suivi un cours présentiel de 3 jours à Rio, j’ai de mon côté 15 ans d’expérience comme médecin… mais… 3 petits points sur 100… ce n’est vraiment pas grande chose ! Dans ce type d’examen il aurait suffi d’oublier de mentionner un ou deux mots qui figuraient parmi les mots clés de la grille d’évaluation pour échouer.
Qu’est-ce qui a fait la différence et m’a permis d’être parmi ces 10% de gens qui passent cet examen? Pour moi cela a été rapidement très clair: la présence de Dieu et sa paix lors de l’examen. Je sais qu’ à ce moment beaucoup de gens priaient pour moi et tout particulièrement pour cet examen. Et moi-même j’ai beaucoup prié, notamment pendant les deux jours de l’examen.
Ce n’est pas facile de vous expliquer le stress que cette épreuve pratique représente. Dans le post de janvier 2025 j’ai décrit en détail la modalité de l’examen. Mais imaginez que vous vous retrouvez avec environ 300-400 autres médecins, tous plus ou moins tendus, si ce n’est franchement angoissés. On doit laisser toutes nos affaires personnelles, on n’a rien du tout, rien à lire, rien à faire et on est tous assis dans une grande sale, bien chaude, en train d’attendre, potentiellement pendant 4 à 6 heures, que notre tour arrive.
Donc déjà c’était un cadeau d’être (les deux jours) dans le tout premier groupe qui passait. Ainsi j’ai dû gérer mes émotions pendant une attente de même pas une heure!
Le premier jour j’ai assez bien géré l’anxiété, néanmoins je me sentais tendu et parmi les cas cliniques il y en eu un qui était très rude, mal conçu et très critiqué lors des recours. Je savais que j’avais probablement obtenu un nombre de points proche de la moyenne mais possiblement en dessous et que dès lors le deuxième jour aurait été décisif.

A ce moment j’aurais pu perdre le sommeil et arriver dans un piètre état le lendemain. J’aurais aussi pu me laisser parasiter, bloquer par l’anxiété lors de l’examen.
Mais rien de tout ça. J’ai bien dormi et le lendemain je me suis dit que la seule chose vraiment importante, pour bien réussir, était de rester calme. Et pour y arriver (parce que je vous assure que ce n’était pas facile pour moi!) devant chaque porte, avant qu’elle ne s’ouvre et que je découvre je ne sais quelle situation clinique, je priais dans mon cœur : “Seigneur, tu es mon pasteur, je ne manquerai de rien et je ne craindrais aucun mal, tu me précède dans cette pièce, ma vie et mon destin sont entre tes mains, en Toi je me confie”. Et à chaque pièce dans laquelle je rentrais… je ne gérais pas le stress: j’étais parfaitement en paix, j’avais accès à toutes les notions apprises, au meilleur niveau de mon portugais, à tout mon sens logique et clinique.
Je ne peux que dire: j’ai passé le Revalida, parce que la présence de Jésus était avec moi et sa paix m’a envahi d’une manière toute particulière pendant ce moment. Et j’ai ainsi pu gagner ces 3 petits points qui ont fait la différence…
Peut-être il y a eu aussi pour vous des fois où vous vous êtes surpris à vous demander si c’est “légitime” de “déranger” Dieu avec nos petits problèmes, alors qu’il y a des problèmes bien plus graves dans le monde (guerres, catastrophes naturelles, pauvreté, faim, etc.) et des gens qui souffrent bien plus intensément que nous (cancers, deuils, abus en tous genres, etc.)…
Je pense qu’il y a un risque à voir et demander l’intervention divine dans chaque détail de notre vie, mais ce risque n’est certainement pas celui de “déranger” Dieu. Si jamais plutôt celui de réduire Dieu et l’existence en général à quelque chose qui se limite à tourner autour du moi. Le risque d’oublier que le centre autour duquel toute l’existence tourne est Dieu. Oublier qu’il ne s’agit pas d’un segment reliant deux points (moi et Dieu) mais d’un triangle dont un des apex est l’autre !
Ces temps je réfléchissait plutôt à un risque dans l’autre sens. Celui d’hésiter à porter certaines choses “peu importantes” dans la prière, d’en parler à notre Père. Dieu s’intéresse vraiment de mes “petits” problèmes? (et combien de fois, chez certaines personnes j’ai vu ces hésitations concernant de problèmes que personnellement je ne jugerais même pas tellement “petits”!)
Ce genre de question a tout à fait son sens dans un monde limité, pour des êtres limités, telles que nous sommes. Nous apprenons assez vite, au cours de notre vie, que les ressources sont limitées et doivent être partagées. À commencer par l’attention de nos parents. Dans notre réalité donner notre attention à quelque chose ou à quelqu’un implique de renoncer à en donner à d’autres. Chaque “oui” implique des dizaines de “non”. Parfois des centaines, voire des milliers! Et qu’est-ce que c’est important (et sain!) d’en être conscient dans notre société suralimentée par tout genre de stimuli, d’opportunité et d’informations!

Mais Dieu n’est pas un être limité. Il vit hors du temps et de l’espace et ne se doit pas de respecter leurs lois! Pour lui être ici et maintenant avec moi, à mon écoute ne limite en rien sa capacité d’être ailleurs avec d’autre au même instant, ou plus exactement: d’être partout au même temps et en tout temps (au même temps !).
Bien au contraire, plusieurs passages dans la bible nous encouragent à partager avec notre Père ce qui nous tracasse. Un des passages plus connus à ce sujet est Mathieu 7, versets 7 et 8 :
« Demandez, et vous recevrez; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. Car celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve; et l’on ouvre à celui qui frappe. »
Dieu veut s’intéresse de nos besoins, nos craintes, nos souffrances. Pas seulement, simplement ou nécessairement pour y répondre comme et quand on le voudrait (d’ailleurs celui qui demande reçoit, mais ce n’est pas écrit qu’il reçoit ce qu’il a demandé, celui qui cherche trouve mais pas nécessairement l’objet initial de sa quête…).
Mais certainement pour que nous puissions retrouver en Lui (et personnellement je dis: en Lui seul) la paix. Cette paix absurde, profonde, joyeuse, qu’on peut ressentir même au plein milieu des tempêtes de la vie… “parce que TU es avec moi”. Et en plus de cette paix, Dieu toujours nous donnera, nous fera trouver, nous ouvrira une porte dans sa bonté et sa connaissance (de nous-mêmes et de la réalité) qui sont certainement je ne dis même pas bien meilleures que les nôtres mais tout simplement parfaites.
Or, si ce Dieu immense, infini, glorieux s’intéresse tellement des choses petites, a combien plus forte raison nous, petits, nous ne devrions pas les mépriser.
Ne méprise pas, dans ton quotidien, une petite porte ouverte, une rencontre, une opportunité pour dire un mot, offrir un geste d’amitié, un signe de compassion. Ne méprise pas le prochain « petit » que tu rencontreras, quel qu’il soit.
Car avec un peu de sincérité tu peux y voir réfléchit au moins une partie de ta propre « petitesse », et avec un peu de foi tu peux y rencontrer le Christ lui-même : « celui qui accueille, en mon nom, un enfant comme celui-ci, m’accueille moi-même »…
Pratiquement pour moi ce sont mes patients, une personne que je rencontre dans la rue, un homme accro à la drogue, un fonctionnaire assis à son guichet…
Ce sont les arbres qui oscillent majestueux le long de la route qui m’amène au travail, un papillon inattendu qui se pose sur un doigt, le bruit de la pluie et son parfum…
C’est une prière ou une réflexion que mon fils me partage, un sourire de ma fille, se prendre dans les bras ou ces larmes qui lavent le cœur…
Un moment sans rien faire, seul face aux étoiles ou à une étendue verte parsemée de rivières et de lacs…
Le sentiment profond, joyeux et émouvant de la présence de Jésus ici avec moi en ce moment, alors que j’écris ces lignes…
Pour autant que tu puisses te sentir petit, tu as une grande valeur et Dieu t’aime immensément. Pour autant que ce que tu fais ne te paresse pas grande chose et tes difficultés insignifiantes comparées à je ne sais quoi (ah, la comparaison !! cela fera tôt ou tard l’objet d’une autre méditation entière !)…
Je te parle de ce Jésus qui a fait tout un détour de quelques jours de marche, en passant par la Samarie juste pour rencontrer une veuve marginalisée, auprès d’un puit ; qui a traversé un lac en tempête juste pour aller libérer de ses démons un homme qui vivait dans la solitude d’un cimetière. Je te parle de ce Jésus qui a nourrit une foule de plus de 5000 personnes avec quelques poissons et quelques pains. Je te parle de ce Jésus qui a fait d’un bout de bois taché de son sang, un pont infini qui nous ouvre le chemin de retour vers notre Père, celui qui « ne veut pas qu’un seul de ces petits se perde »…


