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Décembre 2023 – ici et maintenant…

Chers amis,

Voici déjà quatre mois que nous sommes arrivés au Brésil. Tout d’abord désolés d’être resté si longtemps sans donner de nouvelles. C’est la traduction du fait que ces premiers mois n’ont pas été faciles et, d’autre part, très intenses. Ce qui ne veut pas dire que nous n’allons pas bien ou que nous sommes déçu d’être ici. Simplement qu’il a manqué le temps et à certains moments je dirais plutôt la sérénité d’écrire et de partager.

On ne peut pas dire qu’on ne s’y attendait pas. Mais nous avons plutôt été surpris par l’intensité, la « densité » des défis…

  • Autant dans la vie pratique : sans rentrer dans les détails, mais plusieurs démarches ont été vraiment compliquées et longues. N’était-ce que faire un contrat de téléphone mobile et internet (cela nous a pris environ 6 semaines !). Ouvrir un compte bancaire, obtenir mon visa, louer une maison et une fois dedans devoir lutter avec la gérance en découvrant plein de problèmes structurels. Sans compter le déménagement en soi, plus plein de meubles à monter (certains que j’ai moi-même construit) et plein de petits travaux à faire pour adapter la maison que nous louons, qui est très belle, mais un peu datée, donc avec 2-3 choses plus vraiment à jour ou en bon état. Ou encore le fait que ce n’est pas facile trouver des gens de confiance et qui effectuent bien leur travail quant on a besoin d’embaucher quelqu’un pour un service. Ou que si on veut acheter quelque chose ou embaucher quelqu’un on doit prendre le temps de bien réfléchir et sonder plusieurs pistes car les prix varient souvent du simple au double.
  • Autant dans la vie de famille : comme prévu le « bateau » a bien été secoué et nous avons passé quelques moments bien difficiles avec les enfants. Beaucoup de changements et d’adaptation que chacun a ressenti, vécu et résolu à sa manière et pas toujours sans frictions. En plus avec un papa et une maman qui étaient très pris à résoudre plein de problèmes, bref très dans le faire et peu disponibles pour juste être avec. Nous pensions (très naïvement, je reconnais) que nous aurions assez rapidement pu prendre un moment relax, des petites vacances en famille pour nous retrouver entre nous après notre installation… or ce moment n’est toujours pas arrivé.

Dimanche passé, pour la première fois depuis notre arrivée, je me suis autorisé un moment tranquille, de « ne rien faire ». Rien programmé, rien à réparer, personne à rencontrer, aucun livre à lire. Je me suis allongé dans mon hamac et j’ai fixé les feuilles au-dessus de moi. J’ai écouté les oiseaux qui viennent ou habitent régulièrement notre jardin. Cela fait un moment que je me dis que certes il y a eu beaucoup à faire et quelque part nous avons décidé de forcer le rythme pendant un temps… mais on ne peut le faire trop longtemps, sans risquer de s’aliéner, s’endurcir, perdre de vue le sens et surtout la beauté…

Voici en effet ce qui marque le tournant et la couleur de ces derniers jours : nous passons de l’urgence du tout-ce-qui-reste-à-faire à l’ici et maintenant. Et avec l’ici et maintenant revient le sens et l’importance des petites choses, des petits moments du quotidien. Dieu nous rappelle l’importance du petit, la beauté des choses ordinaires, beauté qui, quand perçue, les rends extra-ordinaires ! Il l’a fait à plusieurs reprises et de manière assez particulière : par la nature. Comme je vous ai mentionné plus haut, bien que nous ayons eu un début pas facile dans notre maison (problèmes avec la gérance et la propriétaire, plusieurs réparations et travaux à faire), nous en sommes extrêmement reconnaissants, car elle a un très beau jardin, avec quelques arbres, certains fruitiers (acérola, jaboticaba, papaye, raisin) et même une piscine (le tout pour l’équivalent d’un peu moins de 1000.- suisses). Ce jardin fait que nous avons un havre de paix, tout à nous, dans lequel nous sommes en contact avec la nature, nous pouvons trouver une paix qui est tout à fait surprenante en pleine ville ! Des oiseaux de toutes sortes : sabiá barranco, colibri, bem-te-vi, maritaca… des papillons merveilleux et parfois gigantesques. C’est par des petites rencontres de ce types que j’ai senti que c’est comme si Dieu nous rappelait l’importance des petites choses, des moments simples du quotidien… comme se retrouver autour d’une table, un trajet en voiture, un moment assis sur les escaliers côte à côte… ici et maintenant !


Parmi ces petites rencontres celle d’Amélie avec une marataca (une sorte de perroquet vert qui chante fort et beaucoup, c’est d’ailleurs souvent eux qui nous réveillent le matin !) qui avait probablement heurté une vitre et était un peu « sonnée » au sol. Elle a pu l’apprivoiser, la prendre, lui donner à manger dans sa main, puis le soir tombant elle est partie se cacher dans un buisson. Le jour d’après plus aucune trace d’elle, très probablement elle a retrouvé les forces pour repartir.

Ou un bem-te-vi qui vient face à moi en volant de manière stationnaire pendant 5-6 longues secondes en me regardant avec curiosité.

Ou le nid d’un couple de sabiá en dessus d’une colonne d’une couverture près de notre jardin avec trois petits dedans.

Ou la découverte un matin d’une mère gambá morte dans notre jardin avec 6 petits tous roses, sans aucun poil, qui s’agitaient autour d’elle. Un était déjà mort et les autres commençaient à se faire importuner par les fourmis. Un était encore dans la poche de sa mère (il s’agit un effet d’un marsupial). J’ai pu recueillir (avec des gants) les 5 qui étaient encore vivants, les nettoyer, les mouiller, les mettre au propre dans une boite avec un linge bien doudou et appeler la police de l’environnement qui est venue les amener au service vétérinaire universitaire de la ville, seul espoir (j’espère) de survie au vu de leur taille.

Ralentir et revenir au présent, voir tout à nouveau la beauté des petites choses, des choses simples. C’est ainsi que nous commençons à prendre conscience de tout ce que de beau que Dieu a fait pour nous pendant ces premiers quatre mois. La beauté il faut la voir, le regard c’est primordial car selon le regard qu’on a sur la réalité, tout change. C’est une des manières dont je comprends ces paroles de Jésus :

« Les yeux sont comme une lampe pour le corps ; si donc tes yeux sont en bon état, ton corps entier jouira de la lumière. Mais si tes yeux sont malades, tout ton corps sera plongé dans l’obscurité. Si donc la lumière qui est en toi est obscurcie, dans quelles ténèbres profondes te trouveras-tu! » (Matthieu 6:22-23)

Or, je trouve qu’un des principaux problèmes quand on court trop longtemps, quand on n’est plus dans l’ici et maintenant c’est qu’on ne voit plus vraiment, on passe à coté de la beauté, de la bonté sans même pas s’en rendre compte… que reste-t-il à voir alors ?

la beauté des jeux de lumière sur les bords d’un nuage…

C’est pourquoi le reste des nouvelles sera une célébration de ce que nos yeux voient avec la lumière !

Commençons par nos enfants : malgré tout ils vont bien, même très bien. Ils ont commencé l’école en s’y intégrant parfaitement. Ils ont suivi les derniers 3 mois de cours, sans notes, juste pour s’acclimater et ont fait un test d’entré à la fin des cette période qu’ils ont bien réussi, ce qui fait qu’ils seront réenclassés l’année prochaine dans la classe qu’ils auraient normalement dû fréquenter en fonction de leur âge. Là ils sont de nouveau en vacances d’été (eh oui, cette année, deux vacances d’été, ça ne risque pas d’arriver souvent ça !).
Quant aux amitiés, cela se passe très bien et aussi grâce à une église locale qui nous a bien accueilli et où il y a beaucoup d’enfants et adolescents. Les invitations se font de plus en plus fréquentes et spontanées. Ils ont aussi bien lié avec leurs cousins, certains de leur âge et d’autres déjà adultes mais tout aussi bienveillants et impliqués.
Les trois recommencent aussi des activités qui leur font plaisir : Chiara a repris des cours de violons, Lucas a commencé avec plein d’enthousiasme des cours de guitare et Amélie de piano. Les trois jouent souvent, spontanément et avec plaisir et ça aussi c’est beau !
Lucas de son côté vient de réussir à rentrer dans l’équipe de volley du Praia Club, une équipe très forte qui a plusieurs fois gagné le championnat brésilien et qui fournit nombreux joueurs à la très forte équipe nationale.

Ensemble pour fêter le premier anniversaire du plus petit des cousins: Martin!

Comme mentionné on arrive au bout de travaux gros et petits ainsi que des cartons, ce qui fait qu’on commence vraiment à jouir de notre maison et de nous sentir chez nous… et de faire ce que nous avons toujours aimé faire : inviter et accueillir chez nous.

Notre intégration dans l’église locale se passe bien, toute la famille s’y retrouve et nous avons été bien reçus. Dimanche 17 décembre nous y avons été accueillis en tant que nouveaux membres avec une trentaine d’autres personnes. Je vais prochainement commencer à jouer et chanter dans un des groupes de louange de l’église et on m’a demandé si je voulais participer en tant qu’ « enseignant » dans ce qu’ils appellent l’école du dimanche. Le matin il n’y a pas de culte (le culte a lieu en fin d’après-midi) mais une rencontre où tant les enfants que les adultes peuvent participer à des classes sur divers thèmes pour approfondir leurs connaissances sur la Bible et sur Dieu. Comme j’aime partager avec les autres ce que j’ai, autant ce que je comprends ou je reçois que mes doutes ou mes défis, c’est avec plaisir que j’ai accepté.

Wilma de son côté doit de moins en moins nettoyer et mettre de l’ordre mais de plus en plus retrouve le temps de lire, cultiver ses amitiés et recommencer ses macarons, ce qui est aussi bon signe ! Nous retrouvons plus de temps pour parler sans être pour résoudre des problèmes mais rêver ensemble, partager notre amitié.

Côté travail : je n’ai malheureusement pas passé le Revalida que j’ai effectué au mois d’août, pour une poignée de points. Vraiment les questions de gynécologie ont pesé lourds dans le résultat. Je suis cependant très content du résultat, vu l’état de fatigue dans lequel j’étais et le manque de temps pour m’y préparer. Les premiers deux mois suivant le résultat je n’ai même pas réussi à étudier, tellement il y avait à faire. Mais là depuis le début du mois j’ai pris un bon rythme (6-7 heures par jour) et je me donne à fond, je peux enfin m’y consacrer en vue de la prochaine session fin février ou début mars, la date exacte n’étant pas encore connue.

Culturellement : on sait que cela n’a pas de sens mais on a malgré tout tendance à espérer que certaines choses fonctionnent ici comme en Suisse… c’est se faire du mal et ne pas se rendre compte de la beauté de certaines différences qui à première vue sont un désavantage. J’explique par un exemple : tout prend plus de temps ici, ce qu’on penserait faire en une demi-heure en prend souvent trois fois plus. Souvent les gens n’ont vraiment pas l’air stressés sur leur poste de travail ! Comme on dit dans le canton de Vaud « il n’y a pas le feu au lac », mais ici il n’y a pas le feu à l’océan… vous voyez les proportions… or cela peut être parfois frustrant, parce que on veut aller vite, être efficaces, optimiser le temps, faire mille choses en une journée… mais le revers de la médaille c’est que les gens prennent le temps et ont du temps aussi pour vous et pas que strictement concernant leur travail. C’est ainsi qu’un jour, par exemple, je me suis surpris en train d’avoir une très profonde et agréable conversation d’une demi-heure avec le serrurier qui était juste venu changer une serrure chez nous.
Donc on a vraiment meilleur temps de s’adapter, moins de frustration et plus de beauté…

Pour terminer, bientôt nous allons fêter Noël avec la famille ici à Uberlandia et début janvier nous irons tous nous retrouver avec la famille plus large (beaucoup, beaucoup de monde) pour fêter les 100 ans du grand-père de Wilma. ça sera une vraie fête et l’occasion de revoir beaucoup de gens de la famille que nous n’avons plus revu depuis longtemps.

Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël. Cette fête n’est pas toujours une joie pour tous, pour plusieurs raisons. J’en connais certaines de certains de mes anciens patients. Mais il y a au moins une bonne raison pour que cela puisse être une fête de la joie: au moment le plus sombre de l’année, où la nuit dure le plus longtemps, une lumière est venue et vient briller au milieu de nous, comme on lit au tout début de l’évangile de Jean :

« En lui [Jésus] résidait la vie, et cette vie était la lumière des hommes.  La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas étouffée. […] il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père: plénitude de grâce et de vérité! […] Nous avons tous été comblés de ses richesses. Il a déversé sur nous une grâce après l’autre. […] Personne n’a jamais vu Dieu: Dieu, le Fils unique qui vit dans l’intimité du Père, nous l’a révélé. » (Tiré de l’évangile de Jean 1:4-18)

Alors, nos amis, que la lumière brille devant vos yeux, ici et maintenant, dans la beauté des petites choses de l’ordinaire, au travers desquelles Dieu souvent nous révèle son amour extraordinaire. On vous embrasse tous très fort depuis Uberlândia. À bientôt !