« Celui qui guette sans cesse le vent n’ensemencera jamais et celui qui observe toujours les nuages ne moissonnera pas » (Eccl. 11 :4)
« Mets ta confiance dans l’Eternel de tout ton cœur et ne te repose pas sur ta propre intelligence » (Prov. 3 :5)
Pourtant c’est bel et bien Dieu qui nous a créés dotés d’intelligence et comme tout ce qu’il nous a donné c’est dans le but de l’utiliser ! Mais de quelle manière ?
Ces temps notre intelligence est particulièrement mise au défi. Quelque part (toutes proportions gardées et sans aucune prétention d’être les patriarches d’un nouveau peuple élu !) notre situation actuelle ressemble un peu à celle d’Abraham quand il entendit Dieu lui dire, « Va, quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père pour te rendre dans le pays que je t’indiquerai » (Gen. 12:1). En somme nous savons ce que nous allons quitter et c’est clair pour nous que nous ne devons pas craindre de lâcher. Mais il y a tellement de choses qu’encore nous ignorons sur notre futur! Abraham ne savait même pas le nom de ce pays, qu’est-ce qu’il y aurait trouvé et ce qu’il y aurait fait ! Nous connaissons le nom du pays, même de la ville, mais à ce jour nous ne savons toujours pas où nous allons habiter (quoi que nous sachions qu’il y aura de toute manière une solution), nous ne savons pas si Fabien aura déjà obtenu la reconnaissance de son titre de médecin ou quelle sera notre situation économique en arrivant (c’est une équation aux nombreuses variables). Et enfin, malgré plein d’idées et une vision claire, nous ne savons pas encore exactement comment nous allons servir le Seigneur une fois sur place. Tout ceci à 5 mois du départ…
Que fait spontanément notre intelligence devant une situation de ce genre ? En tout cas deux choses : elle critique et cherche à élaborer des solutions. Elle critique : « ce n’est pas logique », « maintenant ça serait le bon moment de rester en Suisse, après 15 ans c’est maintenant qu’on commencerait à bien gagner notre vie » ou encore « ce n’est pas responsable de ce lancer dans une telle aventure avec trois enfants qui ont entre 10 et 14 ans » … puis elle commence à imaginer tout ce qui pourrait mal se passer, tout le vaste répertoire des catastrophes avec ses multiples nuances de noir… et enfin elle cherche à élaborer des solutions… tout plein de “solutions” ! La nuit c’est d’ailleurs un moment parfait pour ça, puisqu’il n’y a rien à faire ! Et si on restait encore une année ? Et si on faisait ceci ou cela ?
La Bible nous décrit l’intelligence de diverses manières, mais une est particulièrement concise et incisive : la crainte de l’Eternel est à la base de toute intelligence. Prendre Dieu au sérieux, tenir compte du poids immense de sa Gloire, de la solidité éternelle de sa fidélité, de l’absolu de sa bonté, de la puissance irréductible de sa Parole. Il parle et cela devient réél, il créé du rien par ses propres mots…
Et si nous faisons commencer notre intelligence par là… nous avons un autre regard, nous dressons une autre « critique » de la situation. Nous ne sommes plus dans une course anxieuse après des problèmes à solutionner, mais nous devenons capables de découvrir jour par jour les sentiers aplanis que le Seigneur crée avec nous dans nos cœurs.
C’est beau dit comme ça, n’est-ce pas ?!? Certes, c’est beau et vrai, nous en sommes convaincus. Mais c’est néanmoins une lutte, presque quotidienne ces temps. Une lutte pour se recentrer sur les promesses, rester confiants, garder la connexion avec La Seule Source.
Par où je fais commencer mon intelligence ? C’est une discipline quotidienne… car malgré le vent, les nuages, nous sentons au fond de notre cœur que c’est maintenant le moment de semer et de moissonner…
Cela nous semblait une bonne entrée en matière pour vous donner quelques nouvelles sur l’avancement de notre projet :
Nous avons trouvé, après quelques devis, l’entreprise de déménagement. Nous avons le devis pour un container de 20 pieds et un de 40 pieds. Nous visons celui de 20. Cela implique une sélection : qu’est-ce qu’on prend, qu’est-ce qu’on laisse, qu’est-ce qui fera sens au-delà de l’Atlantique ? Et pas si simple de se représenter qu’est-ce qui peut bien rentrer dans ce container. Bref, c’est un processus qui va durer bien quelques mois. Ces prochains mois nous allons aussi attaquer les procédures administratives. Il y en a beaucoup, autant ici en Suisse qu’au Brésil, comme vous pouvez l’imaginer.
Pour Fabien c’est de plus en plus temps de prendre congé de ses patients, cela ne va pas sans émotions. Prendre congé d’un cabinet qu’il a fortement contribué à mettre sur pied. Mais avec la reconnaissance d’avoir trouvé une collègue de qualité qui assurera le suivi de ses patients et la pérennité du cabinet.
Concernant les défis que nous avions partagé dans les nouvelles de septembre :
- Au niveau des défis économiques : on va de l’avant… Depuis l’été passée, Fabien a repris une semaine de congé à Noël et ne prendra plus de vacances jusqu’au départ. Ça lui fera une semaine en une année… jusque-là il tient bien, gère ses forces, comme dans un marathon. Wilma de son côté fait plein de choses, en plus de gérer en très grande partie la maison et le quotidien des enfants : de la bijouterie, elle travaille comme esthéticienne (surtout des pédicures pour les personnes âgées), elle sélectionne et commence à mettre en vente les choses qui sont vendables et qu’on n’emportera pas avec nous. Cependant cela ne reste pas clair si nous allons réussir à atteindre nos cibles d’ici le départ. Comme déjà dit : nous continuons de confier que d’une manière ou d’une autre le Seigneur va pourvoir. Donc nous utilisons notre intelligence, tout en prenant au sérieux la bonté, la fidélité et la puissance de notre Seigneur !
- Concernant la reconnaissance du titre de médecin : il y a un mois nous avons découvert que Fabien a disparu de la liste d’attente sur le site sur lequel il était inscrit afin de l’obtenir ! Il a fallu un mois pour découvrir à qui on pouvait écrire pour demander des explications, chose que Fabien est actuellement en train de faire. Au pire, il fera l’examen de reconnaissance une fois sur place, mais cela veut dire qu’il ne pourra pas tout de suite travailler comme médecin en arrivant. Par ailleurs Fabien se questionne beaucoup sur son ministère de médecin et a de plus en plus la conviction que sa manière de pratiquer la médecine va être assez différente au Brésil. Récemment, une de ses assistantes lui a sorti du rien : « toi au Brésil tu seras un prédicateur ». Le Seigneur a mis beaucoup de choses et de dons dans son cœur et il se tient vraiment ouvert à toute évolution, tout changement.
- Concernant la vie de famille : elle est toujours bien pétillante ! Beaucoup de choses, dont certaines pas très simples, mais le constat que tout nous fait grandir et est en train de rendre les liens intra-familiaux de plus en plus forts. Nous sommes profondément reconnaissants pour cela. Mais nous avons aussi envie de vous demander de prier pour nous, pour notre protection du point de vue spirituel. Ces derniers temps nous avons eu plusieurs événements qui ont visé à nous déstabiliser, c’est comme si on cherchait à nous intimider, en touchant à notre intégrité, voir à notre santé, ou par des angoisses inexplicables, oppressantes, qui ne nous sont pas du tout habituelles. Nous n’avons aucune intention de nous laisser impressionner, mais sentons particulièrement le besoin de soutien et protection.
- Concernant la situation politique au Brésil : les nouvelles ne sont pas réjouissantes. Le nouveau gouvernement a rapidement commencé à faire des dégâts. Mais ce qui a changé c’est notre cœur par rapport à tout ça. Initialement nous avons été surpris et déçus par l’évolution de la situation politique. Puis nous avons réalisé quelque chose de tout simple mais qui nous a redonné la paix : que Dieu n’était pas surpris par tout cela ! Il le savait déjà au moment où il a mis dans notre cœur le désir de partir ! Donc au fond : ça change quoi ? Si ça se trouve, il y aura encore plus besoin, notre projet fera encore plus de sens si, malheureusement, la situation venait à se dégrader.
Nous avons été particulièrement touchés par le témoignage d’un médecin chrétien, parti avec ses enfants en bas-âge servir au fin fond de la Guinée. Dans son bilan rétrospectif il trouvait qu’une des choses qui avait eu le plus d’impact au long de toutes ces années de mission c’était le fait de partager la vie des gens du pays, ce qui implique aussi… partager les risques ! Mais quel crédit que gagne notre amour au moment où nous restons à côté, nous acceptons de partager la vulnérabilité. Plus récemment c’est le refrain d’une chanson qui parle de mission qui nous interpelle. C’est tout simple, mais si profond… « aimer au point de partir »…
Ce qui est fou c’est que c’est un amour qui est déjà là, qui existe déjà, mais pour des personnes que nous ne connaissons pas encore !
Voilà quelques nouvelles pour l’instant. Nous reviendrons à vous dès que possible. Merci pour votre affection, vos prières… et le temps que vous prenez pour nous lire et prendre de nos nouvelles.
Que le Seigneur vous bénisse. Qu’il soit le début de tout forme d’intelligence en vous !
Fabien et Wilma Saillen Valverde